Maman

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Cela fait déjà plusieurs semaines que tu nous as quittés. Ce vendredi 26 décembre, jour où je t'ai laissé dans cet hôpital pour 2 jours maxi, je ne pensais voir Lionel arriver chez Marie Laurence, environ 2 heures plus tard, me regardant et me disant "Ma soeur, comment te dire ça ? Mais comment te dire ça ???" J'ai dit "non, non" Et là j'ai entendu ce que je ne voulais jamais entendre de ma vie : "on a plus de mère. L'hôpital vient d'appeler" J'ai répété que non non, ce n'est pas possible, qu'ils avaient fait une erreur. La suite tu la connais, enfin je pense, car à ce ce moment là tu étais encore parmi nous. J'ai appelé Laurent, on a décidé de se retrouver là bas. Je suis allée chercher Lionel, tout le long de la route j'ai répété que c'était impossible. "Demain on en rira avec maman"!!!!

Bref, oui la suite tu la connais. Tu nous as vus arriver, tu m'as entendu leur dire qu'ils étaient fous, etc, etc, etc.

J'ai détesté le médecin qui m'a répondu que pour y croire il me fallait te voir !!! Et là j'ai réalisé que le drame de ma vie était arrivé. Oui un drame, car te perdre sera et restera le drame de ma vie.

On sait tous qu'un jour où l'autre on est appelé à perdre notre maman, mais je ne l'avais pas prévu pas si tôt, pas si brutalement, pas comme ça.

Je t'entends encore me dire quand je suis partie de ne pas m'en faire, que tout irait bien. Quand on sait ce qu'il s'est passé je me demande si tu ne m'as pas envoyé un message. Tu avais une expression étrange, et si tu savais combien je regrette de ne pas être restée près de toi. Etait-ce parce que je ne voulais pas dormir à la maison quand tu n'y était pas, ou par plaisanterie que tu m'as proposée de dormir près de toi ? Mais je suis partie, car je savais très bien que je ne pourrai pas dormir près de toi même dans un fauteuil.

Si tu savais comme je me sentais mal quand je suis montée en voiture, j'ai regardé mon téléphone et j'ai lu le message de Sylviane qui m'annonçait que le matin même elle avait perdu sa maman. Pourquoi j'ai eu un sentiment de peur à ce moment précis ? J'ai pensé à toi, à ma marraine, et là j'ai eu un pressentiment horrible. J'ai failli repartir vers toi, mais...

Et quand j'ai vu Lionel j'ai compris, mais je n'ai pas voulu le croire. Je ne le pouvais pas, pas toi, pas ce jour là, pas comme ça.

Et maintenant les éternelles questions : Pourquoi toi ? Comment ? Le voulais tu ? Le savais tu ? Etais-tu fatiguée à ce point là ? Ton coeur était épuisé a dit le médecin, ironique car ils avaient dit la même chose pour ma marraine. On nous a dit que tu n'avais pas souffert, tu es partie sans te battre, sans souffrir. D'où toutes les questions auxquelles nous n'aurons jamais de réponses.

Les heures et les jours qui ont suivis, comme tu t'en doutes, ont été horribles. Le mot est faible mais je n'en trouve pas d'autre. Tu m'avais souvent parlé de Mauricette qui t'avait soutenue quand ta maman est partie, alors je l'ai appelée au secours. Elle venait de rentrer de chez Nicolais, j'ai annoncé la triste nouvelle à Anita. Elles m'ont proposée de venir, j'ai dit oui, j'étais perdue. Je me sentais seule. Tu était là étendue sur le lit, sans vie. Laurent et Lionel était, comme moi, dévastés, et j'étais soulagée de savoir que quelqu'un d'autre allait arriver.

Elle m'a prise dans ses bras et me voyant et m'a dit qu'elle était là car tu avais été la seule vouloir t'occuper de sa propre mère quand elle avait due aller se faire opérer.

Je ne sais pourquoi je te raconte toute cela, car je reste persuadée que tu étais là à nous observer. Je suis désolée de t'avoir donné des tapes et t'avoir secouée ainsi, mais j'étais persuadée que tu allais te réveiller. Que ton instinct de mère allait te faire revenir si je te le demandais, mais non rien ne s'est produit et j'ai du me contraindre à te laisser partir.

Je reviendrai de temps en temps te parler, mais je vais t'expliquer avant de te laisser pourquoi j'ai décidé de créer ce blog.

Je ressens tant et tant de choses en moi depuis ton départ, que j'ai eu besoin de savoir si tout ce qui se passait en moi était normal, ou si je ne devenais par folle. Je me suis donc procurée un livre sur le deuil. Et ce matin j'ai lu que l'on pouvait ressentir le besoin d'écrire à la personne qui nous a quittée et bizarrement hier ma kiné m'a dit que cela pouvait me soulager d'écrire tout ce qu'il m'était impossible de te dire. Mais tu sais que je n'aime pas écrire, et que je suis très branchée internet. Donc automatiquement l'idée d'un blog m'est apparue.

Voilà pourquoi ce soir je me lance. A partir d'aujourd'hui je viendrai te raconter ma triste vie. Je ne sais pas à quel rythme je le ferai. Je ne sais pas ce que je te raconterai dans les autres articles, mais je sais que je viendrai te parler.

Je t'aime maman

 

 

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